Contact

Email : fandria501@gmail.com

vendredi 31 décembre 2010

Extrait d'un article du Journal de l'Economie

Artiste-marketeur, un concept qui marche

Par Fara Andria

Il est une race de créateurs étonnants, mi-artistes, mi-marketeurs à Madagascar, avec lesquels on a du mal à distinguer le commercial de l’artiste. Une chose est sûre : ils ont inventé un nouvel art de vendre. Et pour cela, nous avons voulu les classer parmi les nouveaux créateurs de concept. Leur technique est simple, ils disposent de deux armes redoutables : le talent et le tchatche. Mais Madagascar est un pays de tradition orale, et nous ne sommes pas étonnés de voir que ce genre de relation entre le créateur et le public fonctionne chez nous alors que dans les pays occidentaux, les créateurs gardent leurs distances par rapport à leur public ou sont protégés par une armée de managers.
(....)

Randriatahina André, sculpteur de l’imaginaire

Randriatahina André est un sculpteur étonnant. Il sculpte des racines de plants de mimosa qui sont déterrées par les cultivateurs dans la région d’Antsirabe. Ses œuvres sont pleines de créativité et l’artiste a su détourner la matière brute en respectant sa forme d’origine. Il leurs donne des formes fantastiques tout droit sorties de son imagination fertile, racontant des histoires extraordinaires de monstres préhistoriques sortis d’un œuf arrivé dans un village dans des circonstances rocambolesques. Il pose invariablement la question « on ne connaît pas le monstre qui est sorti de cet œuf maléfique, mais voici quelques unes des possibilités. Selon vous, lequel est-ce ? » Souvent, le visiteur choisit une sculpture et s’en va avec, après l’avoir payé, la tête pleine de rêves. Ce marketing participatif reflète peut-être le besoin du consommateur de s’identifier au créateur et plus particulièrement à son concept, et à aller plus loin en s’accaparant de son œuvre. C’est aller au delà du custom qui s’arrête à l’objet. Ici, le consommateur décide de l’histoire de l’objet et de sa signification.

Nota : Je n'ai malheureusement plus les photos des oeuvres de cet artiste. Si vous le retrouvez, s'il vous plaît, envoyez-moi un petit message.. 

jeudi 23 décembre 2010

Foule-contact


Intérieurs de la maison de Monet à Giverny


30 degré à Antananarivo. Temps couvert. Belles éclaircies. La circulation est plus fluide que les derniers jours. Mais les piétons se piétinent encore sur les trottoirs encombrés par les marchands occasionnels qui ont étalé leurs marchandises à même le sol. Certains s'énervent, d'autres  attendent patiemment que le passage se débouche, le temps qu'un marchandage entre un vendeur de chaussures usagées et un client se conclue. C'est bizarre qu'on trouve normal que l'étale d'un fripier côtoie celui d'un vendeur de fruits et de légumes qui lui-même vend des guirlandes qu'il a accroché à son parasol.  Se balader à pied dans le centre ville peut être une partie de plaisir ou un véritable calvaire selon son état d'esprit du moment. Ce matin j'étais d'humeur à me frotter à la foule. "Frotter" n'est pas assez juste, c'est une véritable mêlée digne d'un match de rugby. Un corps à corps moite et chaud qui a quelque chose de bestial. On perçoit à travers les vêtements humides de transpiration, des âmes fébriles, impatientes et euphoriques. Les mots sont saccadés, on s'interpelle, on parle fort. Un père de famille guide sa petite famille à travers la cohue à la manière d'un général de corps d'armée : "Pas par là ! c'est la mêlées ! par ici ! si on se perd rendez-vous devant Rary Hasina !". Ce qui est étonnant, c'est que dans ce tohu-bohu,  aucune étale n'est renversée ni piétinée, ce qui croyez-le, est un véritable exploit ! J'ai mis vingt bonnes minutes pour marcher de La Potinière à Andohan'analakely en passant par le marché ! Un itinéraire qu'on fait normalement en cinq minute. Bon, j'ai musardé un peu, mais quand bien même !
Pourquoi je vous parle de mes déambulations piétonnes dans mon blog de déco ? Et bien parce que cette promiscuité avec les gens de ma ville, les vrais citadins, le vrai Tana, m'inspire. La foule m'envoie des messages. J'écoute leurs envies, ils me transmettent l'air du temps. On peut de cette manière anticiper sur la tendance de la prochaine saison. J'entends déjà certaines personnes qui me disent que c'est impossible, que la tendance ne peut venir de la "masse". La foule est une masse organique vivante qui évolue sans les contraintes d’un monde organisé. C’est une expression libre et spontanée. Quand cette masse est heureuse, elle envoie des pulsions de bonheur que l’on capte pour peu qu’on ne se renferme pas. Ces pulsions dessinent les aspirations, des formes et des couleurs aussi palpables que l’odeur des mangues et des prunes et qui teintent de pourpre, d’orange et de vermillon les trottoirs de la ville. La masse me dit qu’elle aspire à un retour aux sources, à l’authentique, une certaine nostalgie des valeurs familiales et du partage. Un style cocooning ? Oui, mais pas dans le sens du cocon qui se ferme à l’extérieur qui a eu cours depuis les années 2000. Un cocoon convivial, qui aime recevoir les copains, ouvert aux nouveautés, au contemporain et au high-tech, mais qui préfère les fauteuils accueillants des grands-mères et l’odeur de confiture.Une déco chaleureuse campagnarde avec tout le confort d'un intérieur bourgeois, comme dans la maison de Monet à Giverny. 


lundi 20 décembre 2010

Conversation entre le béton et un coussin

J'avais pensé créer une déco gypsy avec ces rideaux en lin à fleurs noir et beige. Et puis Tsirisoa a composé cette pièce au style contemporain-classique. Chapeau l'artiste ! Comme quoi derrière le travail d'un décorateur, il y a toujours un bon architecte qui se cache... Et vice-versa. J'y ai accroché des toiles de Raparivo et de José Nirina que j'ai beaucoup aimé.
Au fait, vous devez vous demander comment se passe la coopération entre un architecte d'intérieur et un décorateur ? Quelles sont les différences profondes entre ces deux métiers, et pour aller plus loin, quelles sont les différences entre, architecte, architecte d'intérieur, designer et décorateur ? En cherchant dans la littérature, on trouve des définitions parfois diamétralement opposées. De nos jours, la différence est pourtant ténue. Les frontières sont subtiles et souvent estompées. C'est le genre de discussion qui peut nous tenir jusqu'à des heures indues à l'atelier, pour finalement en arriver à la conclusion, vers une heure du matin et deux mojitos chacun, qu'il n'y a pas de définition. Des prises de têtes pas forcément inutiles car elles nourrissent nos imaginations et boostent notre créativité en nous donnant l'envie d'aller voir plus loin, de faire et de défaire les conventions et les déjà vus.
Mais pour répondre plus simplement à la première question, en tant que décoratrice, je me consacre beaucoup plus à l'habillage, les étoffes, les matières, les détails qui donnent vie et une identité à une pièce. Tsirisoa se consacre à la structure, aux volumes, à la distribution et à l'ergonomie. A un certain moment, nos métiers se rencontrent et fusionnent.

mardi 14 décembre 2010

Rhapsody in white

Dans cette pièce composée par Tsirisoa ( www.maisonsmadagascar.blogspot.com ) où le blanc domine,  j’ai voulu respecter l’impression d’espace et de luminosité tout juste ponctuée de quelques touches de couleurs combinées à des formes courbes et simples. Les coussins rouges et ronds jetés négligemment sur le tapis blanc contrastent avec l’atmosphère minimaliste et épuré de la pièce comme la chaleur d’un cœur sur la neige.  Les rideaux sont en coton peigné qui est une matière souple et douce donnant un retombé parfait qui ne mettra pas de fausse note à la sobriété de la déco. Les graphiques en courbe noir, gris et rouge sont repris dans les couleurs des coussins. Associés aux fauteuils blancs immaculés, l’ensemble donne un style intemporel dans une ambiance reposante et conviviale.  Nous avons imaginé ce séjour pour un jeune couple branché nouvellement installé à Tana qui a choisi un appartement cossu dans les hauteurs de la ville.

Comme au cinéma

La création d’une pièce ou d’une composition (une parure de lit, un habillage de fenêtre assorti aux coussins, un jeté pour divan, etc.) part d’une émotion  provoquée par toutes sortes de choses souvent anodines,  parfois inattendue.  Une couleur et son reflet peuvent m’obséder pendant des années et je vais la rechercher à travers toutes les matières que j’utilise. Parfois se sont les formes, le touché d’une matière, les trames d’une étoffe. C’est rarement un style. C’est très souvent une émotion. J’imagine une histoire à travers un décor. Je fais vivre en imagination les personnes qui vont évoluer dans ce décor. Je pense à leurs mouvements, à leurs attitudes, à ce qu’ils ressentent. Je mets les personnes en lumière et leur vie en scène. A travers la déco que je crée, j’interprète leur histoire. Comme au cinéma, je place les personnes dans un espace qui leur ressemble et qui les met en valeur.

Nommer les tissus par leur nom

Broché, jacquard, damas, chintz, organdi, organza, voile du jour, etc. On trouve toutes sortes de tissus sur le marché. Les dénominations sont différentes et multiples. A Tana, lorsqu’on dit « lin », cela peut être le tissu tissé avec des fils provenant de la tige du végétal. Mais cela indique aussi un tissu tissé avec des fils de coton ou du fil synthétique dont la trame imite le tissage traditionnel du lin. De même, chez nous on dit « soie » pour parler des soieries. La différence entre les deux c’est que la soie est une étoffe fabriquée à partir de fil de soie très fins, mais que la soierie peut être fabriquée à partir de fils synthétique qui imitent la soie. Les exemples de ce type sont nombreux. Certaines personnes sont très exigeantes en ce qui concerne la qualité et n’acceptent que les étoffes authentiques et nobles fabriquées avec des matières naturelles et peuvent être choquées par ces fausses dénominations. Le problème c’est que si à l’origine ces subterfuges étaient intentionnels, avec le temps, ces dénominations ont finit par faire partie des vocabulaires courants utilisés sur le marché. Ce manque de culture porte parfois atteinte à la qualité des produits des artisans malgaches. Il est d’autant plus dommage que les matières synthétiques sont actuellement de plus en plus perfectionnées et on en trouve de très belles pièces. Mais ces matières alternatives sont diabolisées par les connaisseurs à cause de l’amalgame qu’on en a fait avec les matières authentiques. Dans notre atelier, nous avons tenu à préciser,  autant que possible, la composition des matières et à respecter les vraies dénominations des tissus.

dimanche 12 décembre 2010

Autant avoir une belle tête pour se faire tringler

Les tringles pour rideaux ne se dissimulent plus sous les cache-rideaux. Ils sont en ferronneries ou en laiton, en bois ou en composite. On les montre ostensiblement et deviennent un élément de décoration. Cette barre horizontale casse la monotonie de la hauteur d'un mur vertical et met du rythme dans une composition. Les embouts du tringle, qu'ils soient ouvragés ou volontairement simplifiés, affirment le style de la déco : ferronnerie baroque noire mate et dorures aux formes courbes, bois précieux rustique, laiton pour le classique, composite métallisé ou laqué pour le contemporain. Il y en a pour tous les goûts. On en trouve dans tous les grands magasins de tissus et les marchés. Mais attention ! Si les choix sont nombreux, les qualités varient d'une origine à une autre. Généralement, plus ils sont massifs, et donc lourds, de meilleure qualité ils sont. L'idéal est évidemment de les faire faire sur commande chez des artisans d'art (ferronniers d'art ou ébéniste), mais le prix sera en conséquence. Cependant, on peut aussi en trouver à moins cher avec un design intéressant dans les commerces courants. Ils sont souvent importés de pays asiatiques et sont en bois ordinaires laqués ou vernissés ou en composite. Ils ont une durée de vie moindre par rapport aux tringles en bois précieux ou en métal, mais tant qu'on n'a pas l'intention de garder la même déco pendant plus de 2 ans, on peut s'en contenter. On peut en trouver à partir de 30 000 ariary chez Eureka à Androndra.
Du coup, les têtes de rideaux s'embellissent ! Suspendus aux tringles par des anneaux, des pattes ou des œillets,elles apportent du caractère à l'habillage des fenêtres. C'est un élément de déco à ne pas négliger car autant que l'ameublement, c'est ce qu'on voit le plus dans dans une pièce. Un beau rideau avec une sale tête, c'est comme une robe de chez Dior portée avec des cheveux gras : c'est navrant.

mercredi 8 décembre 2010

Le full of peps dans la déco à Mada !

J'ai créé ce blog pour parler de déco, car la déco bouge à Madagascar ! Des boutiques commencent à s'ouvrir un peu partout dans la capitale, des jeunes créateurs très "pétillants" émergent et font parler d'eux dans les médias, les créatrices ne sont pas de reste ! La déco prend peu à peu la place de la mode dans ses débuts. Elle se démocratise et devient accessible à tous. Le marché s'adresse à toutes les catégories de personnes et on peut enfin décorer sa maison à bon prix. Un vent de créativité souffle sur la grande île : on veut oublier la morosité de la crise, on veut se chouchouter, on désire changer de décor, on a des envies de couleurs, d'espace et de formes, ou tout simplement des envies d'"autres choses" pour nous changer les idées. Les embellissements des intérieurs et des terrasse vont de pair avec les rénovations et les extensions de maison qui se multiplient un peu partout. Mais, vous savez, faire de la déco, ça peut être tout simplement remplacer la veille paire de rideaux dans la chambre et ajouter quelques coussins assortis. Ça se fait en un clin d'oeil et ça apporte un nouveau peps à la maison !