Intérieurs de la maison de Monet à Giverny
30 degré à Antananarivo. Temps couvert. Belles éclaircies. La circulation est plus fluide que les derniers jours. Mais les piétons se piétinent encore sur les trottoirs encombrés par les marchands occasionnels qui ont étalé leurs marchandises à même le sol. Certains s'énervent, d'autres attendent patiemment que le passage se débouche, le temps qu'un marchandage entre un vendeur de chaussures usagées et un client se conclue. C'est bizarre qu'on trouve normal que l'étale d'un fripier côtoie celui d'un vendeur de fruits et de légumes qui lui-même vend des guirlandes qu'il a accroché à son parasol. Se balader à pied dans le centre ville peut être une partie de plaisir ou un véritable calvaire selon son état d'esprit du moment. Ce matin j'étais d'humeur à me frotter à la foule. "Frotter" n'est pas assez juste, c'est une véritable mêlée digne d'un match de rugby. Un corps à corps moite et chaud qui a quelque chose de bestial. On perçoit à travers les vêtements humides de transpiration, des âmes fébriles, impatientes et euphoriques. Les mots sont saccadés, on s'interpelle, on parle fort. Un père de famille guide sa petite famille à travers la cohue à la manière d'un général de corps d'armée : "Pas par là ! c'est la mêlées ! par ici ! si on se perd rendez-vous devant Rary Hasina !". Ce qui est étonnant, c'est que dans ce tohu-bohu, aucune étale n'est renversée ni piétinée, ce qui croyez-le, est un véritable exploit ! J'ai mis vingt bonnes minutes pour marcher de La Potinière à Andohan'analakely en passant par le marché ! Un itinéraire qu'on fait normalement en cinq minute. Bon, j'ai musardé un peu, mais quand bien même !
Pourquoi je vous parle de mes déambulations piétonnes dans mon blog de déco ? Et bien parce que cette promiscuité avec les gens de ma ville, les vrais citadins, le vrai Tana, m'inspire. La foule m'envoie des messages. J'écoute leurs envies, ils me transmettent l'air du temps. On peut de cette manière anticiper sur la tendance de la prochaine saison. J'entends déjà certaines personnes qui me disent que c'est impossible, que la tendance ne peut venir de la "masse". La foule est une masse organique vivante qui évolue sans les contraintes d’un monde organisé. C’est une expression libre et spontanée. Quand cette masse est heureuse, elle envoie des pulsions de bonheur que l’on capte pour peu qu’on ne se renferme pas. Ces pulsions dessinent les aspirations, des formes et des couleurs aussi palpables que l’odeur des mangues et des prunes et qui teintent de pourpre, d’orange et de vermillon les trottoirs de la ville. La masse me dit qu’elle aspire à un retour aux sources, à l’authentique, une certaine nostalgie des valeurs familiales et du partage. Un style cocooning ? Oui, mais pas dans le sens du cocon qui se ferme à l’extérieur qui a eu cours depuis les années 2000. Un cocoon convivial, qui aime recevoir les copains, ouvert aux nouveautés, au contemporain et au high-tech, mais qui préfère les fauteuils accueillants des grands-mères et l’odeur de confiture.Une déco chaleureuse campagnarde avec tout le confort d'un intérieur bourgeois, comme dans la maison de Monet à Giverny.
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